En ces lendemains de CAN, avec mes félicitations aux Lions et au peuple du Cameroun, pour cette belle organisation et cette honorable participation, je veux nous exhorter tous à aimer le Cameroun comme nous aimons le football.
Lors de la demi-finale contre l’Égypte de même que lors de la finale, j’ai vu des cohortes de femmes et d’hommes braver des distances considérables, souvent à pied compte tenu des mesures de sécurité draconiennes, pour se rendre vers le lointain site d’Olembe. Même pour les citoyens en voiture, ce n’était pas une partie facile. Normal, il fallait aller supporter les Lions et participer à la fête. Les fan zones elles aussi, n’ont jamais désempli.
Les Camerounais, à domicile, dans les grands carrefours et partout ailleurs, ont répondu, comme toujours, présents à l’appel du football avec les Lions. Dans une atmosphère où quasiment le Cameroun des différentes régions était présent sur le terrain, la même union des coeurs qui dépasse nos petits et ridicules clivages ethniques, a œuvré à rassembler les Camerounais du nord au sud et de l’est à l’ouest. Chacun de nous, durant cette période, a su taire les multiples controverses, polémiques et conflits dont nous sommes si coutumiers.
Eu égard à ce qui précède, on peut alors se poser les questions suivantes :
Et si nous mobilisions cette même union sacrée pour aimer le Cameroun et l’animer de la même façon dans les autres domaines souvent, du reste, plus déterminants pour notre destin commun ? Car en réalité, le football, malgré sa force d’attraction, n’est qu’une activité sportive comme d’autres.
Et si nous investissions la même énergie au profit, non pas de nos replis identitaires et politiciens, mais plutôt pour un amour républicain et inconditionnel en faveur du seul Cameroun ?
Aimer ce pays serait alors s’engager résolument et sans élan tribaliste à son destin politique. Quand un Lion brille sur le terrain, on l’aime et on le plébiscite indépendamment de son origine ethnique. Les exploits des Mbappe, Eboué, Milla, Abega, Nkono, Eto’o, Ngamaleu, Fai, Aboubakar et tous les autres, ont toujours été célébrés sans considération identitaire.
Pourquoi serait-ce différent dans les autres domaines ? Aucune raison. Assurément, le football peut nous servir d’exemple. Le Cameroun ne gagne d’ailleurs que quand il joue collectif et solidaire. Cela est transposable aux autres secteurs de la vie sociale. Nous échouons toujours quand les replis et les égoïsmes s’installent. Aucune région ne peut en effet se suffire à elle-même. «Une seule main ne peut attacher un paquet» dit le proverbe.
Aimer le Cameroun c’est aussi s’investir de façon honnête et sincère à son destin économique en y participant de façon honnête à la création des richesses tout en honorant ses obligations fiscales de la même manière.
Aimer le Cameroun c’est, malgré les contraintes structurelles et les détestables réalités diverses et bien connues de notre univers politique, prendre part à sa vie démocratique à travers la participation citoyenne aux élections, mais aussi en contribuant aux réclamations intransigeantes pour un système politique et électoral mieux structuré, plus équitable et transparent.
Aimer le Cameroun c’est, en évitant tout défaitisme et toute indifférence, s’investir courageusement et en toute objectivité, à toutes les initiatives républicaines et positives de transformation du pays par les idées et l’intelligence. La République chez nous devrait être synonyme d’intégration et de non discrimination entre concitoyens selon quelque critère subjectif que ce soit. C’est aimer son prochain, d’où qu’il soit, comme soi-même.
Lorsque demain, nous aimerons ainsi le Cameroun, alors ce dernier nous rendra tous fiers, de la même manière que les Lions Indomptables nous ont remplis de fierté grâce à cet excellent sursaut d’honneur et d’orgueil contre le Burkina Faso.
Changeons donc profondément et plus que jamais nos mentalités.
Aimons sincèrement et positivement notre pays le Cameroun comme nous aimons le football. Cela nous fera du bien à tous. Cela redorera le blason de notre pays sur la scène africaine et mondiale. Ce message est aussi valable pour l’ensemble de nos masses populaires que pour l’élite politique et dirigeante, tous bords confondus.
Que Dieu bénisse le Cameroun.
Par le Pr. Olivier Bile