L’heure est plutĂ´t grave Ă Diang notamment au niveau du canton Maka Nord entre les villages Ndoumbi 1 et Bouam avec une extension rĂ©gulière vers le canton Bobilis prĂ©cisĂ©ment Ă Ndemba 2 et Dongo. L’on apprend par exemple qu’une autoritĂ© administrative tapis dans l’ombre vient de s’acheter une immense parcelle de terre (30Ha) au village Bouam Ă vil prix(PK 12) sur la bretelle reliant la Communes de Diang Ă celle de Dimako . Les mĂŞmes sources indiquent que , ce haut responsable est très impliquĂ© dans le phĂ©nomène. Ce dernier utilise son entregent et son autoritĂ© pour influencer et intimider les chefs traditionnels Ă dĂ©livrer les certificats d’abandon de droit coutumier avec en prime, des rĂ©tro-commissions et autres accords en sa faveur. Par consĂ©quent, plus de 2/3 du patrimoine foncier du village Ndoumbi 1 sont tombĂ©s aux mains des allogènes venus des rĂ©gions de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. SM Zon’s DieudonnĂ© en poste depuis 2012 s’est montrĂ© externuĂ© face Ă la situation dĂ©sastreuse de son village. «Des documents signĂ©s dans les services de gendarmerie et de la police par des notables de Bonis et KoumĂ© Goffi… Ces documents sont signĂ©s et validĂ©s par certaines autoritĂ©s qui imposent mĂŞme de prendre des espaces fonciers en retour. C’est la situation que j’ai trouvĂ©e lors de ma prise de fonction Ndoumbi 1. J’essaie de combattre ce phĂ©nomène mais tout seul contre tous, je ne parviens pas. Je demande aux Ă©lites et au maire de Diang de me venir en aide dans le but de rĂ©cupĂ©rer ces parcelles de terrain encore non occupĂ©es et aux mains des allogènes», relate-t-il. Non loin de lĂ , du cĂ´tĂ© du village Mbeth, la situation est similaire. Le chef du village est aux abois et exhorte les Ă©lites et les Ă©lus locaux Ă descendre sur le terrain en vue de sensibiliser les villageois passĂ©s maĂ®tre dans l’art de brader les terres. Au village Ndemba 2, c’est le mĂŞme sentiment qui anime l’autoritĂ© traditionnelle. SM Minkonda dĂ©nonce avec vĂ©hĂ©mence la complicitĂ© tacite des serviteurs de l’Etat qui imposent la spoliation des terres. «Lorsque je refuse de signer les certificats d’abandon de droit coutumier aux acheteurs potentiels, je reçois les foudres de la hiĂ©rarchie. C’est vraiment regrettable. Ă€ l’heure actuelle, des individus venus d’ailleurs viennent d’acquĂ©rir d’immenses parcelles de terre chez moi et sans mon accord. J’ai refusĂ© de signer et ils sont allĂ©s Ă©tablir ces documents chez le chef de canton Bobilis. Je dis bien que si rien n’est fait pour empĂŞcher ces envahisseurs d’un autre genre, nous n’aurons plus rien en terme de patrimoine foncier pour nos propres projets de dĂ©veloppement», raconte-t-il en Ă©crasant quelques larmes.
Ă€ l’origine de ce phĂ©nomène devenu une gangrène, les chefs traditionnels expliquent que,«c’est la fainĂ©antise de la jeunesse, la pauvretĂ© ambiante, la naĂŻvetĂ© des propriĂ©taires terriens et mĂŞme l’appĂ©tit financier sans limites qui poussent nos populations Ă dilapider sans arrĂŞt ce patrimoine foncier que nous ont lĂ©guĂ©s nos aĂŻeux». Les populations autochtones parfois dans l’incapacitĂ© de rĂ©soudre des problèmes tels que l’accès aux soins de santĂ© se retrouvent entrain de vendre Ă vil prix le terrain. «PrĂ©textant qu’on veut organiser les funĂ©railles, le mariage et ou payer la scolaritĂ© des enfants, des certains villageois n’hĂ©sitent pas Ă liquider le terrain. Au fil du temps, ils ont pris goĂ»t et c’est ainsi qu’ils ont presque tout vendu en quelques annĂ©es», relate un observateur averti de la scène. Compte tenu de la proximitĂ© de ces villages d’avec la ville de Bertoua et notamment avec l’annonce de l’installation du site dĂ©finitif de l’Ecole normale supĂ©rieure (ENS) de Bertoua Ă Ndoumbi 1, la ruĂ©e vers les terres est palpable. La pression foncière a atteint des proportions inquiĂ©tantes.
Face Ă la situation, la Commune de Diang veut rĂ©duire la saignĂ©e par des ambitions plus concrètes visant la protection des intĂ©rĂŞts des populations locales. La rĂ©union de sensibilisation qui a pris les allures d’une “rencontre familiale” a permis l’Ă©laboration d’un nouveau code de conduite. «Je vous ai convoquĂ© aujourd’hui (07 dĂ©cembre 2021 Ndlr), pour qu’on parle ensemble de la conservation de notre patrimoine foncier et les actions de la mairie sur la constitution de la rĂ©serve foncière. En effet, des informations concordantes rĂ©vèlent que notre Commune fait l’objet et Ă des proportions plutĂ´t inquiĂ©tantes, des braderies foncières. Ceci se passe en marge de la rĂ©glementation en vigueur et surtout et surtout des coĂ»ts suffisamment rĂ©duits. Il se dĂ©gage mĂŞme une forte odeur de trafic d’influence et d’abus sur toutes les formes. Des personnalitĂ©s parfois insoupçonnables sont curieusement citĂ©es par les populations et les chefs traditionnels. C’est alors que certaines personnes se retrouvent entrain d’avoir Ă elles seules, plus de 100 hectares», a soulignĂ© Alain Wilfried Menganas. L’Ă©lu local, de commun dit avoir eu l’onction de l’Ă©lite pour cette initiative. Au terme des Ă©changes, des recommandations ont Ă©tĂ© formulĂ©es pour que ces pratiques dĂ©mentielles devenues monnaie courante cessent Ă Diang. On note entre autres: l’arrĂŞt immĂ©diat de la signature des certificats d’abandon des droits coutumiers; les Ă©lites en collaboration avec la mairie doivent multiplier la sensibilisation des populations sur les mĂ©faits du phĂ©nomène des braderies foncières; la promotion de la location des terres pour des bĂ©nĂ©fices rĂ©ciproque entre les autre les propriĂ©taires terriens et les investisseurs (partenariat gagnant-gagnant);l’identification de toutes les terres bradĂ©es et inexploitĂ©es; la mise Ă disposition Ă la Commune de Diang, de tous les certificats d’abandon des droits coutumiers; la mise en Ĺ“uvre du projet de crĂ©ation d’un patrimoine foncier avec possibilitĂ© de crĂ©ation des lotissements communaux Ă mettre Ă disposition et l’invitation des Ă©lites Ă venir investir dans les villages.
« Ne vous laissez plus tromper pour la monnaie de singe. N’acceptez plus qu’on vous influence de la sorte. En cas de passage en force, veuillez dĂ©noncer ces autoritĂ©s qui veulent vous induire en erreur», a martelĂ© l’Ă©lu local. «Que les autoritĂ©s traditionnelles cessent de signer les certificats d’abandon de droit coutumier. Si elles subissent encore des pressions venant de quiconque, je les invite Ă bien vouloir dĂ©noncer car on ne saurait laisser prospĂ©rer ces pratiques ubuesques qui ne garantissent pas un bel avenir pour la jeunesse», a conclu Alain Wilfried Menganas.