Une vidéo devenue virale dans les réseaux sociaux montre le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle au milieu d’autres notables, en train de danser au nom et en l’honneur de son roi, le lamido Ibrahim El Rachidini. Une vidéo qui suscite de nombreuses réactions à la fois d’admiration mais surtout d’indignation. Patenté
Pour les tenants de la thèse de l’admiration, le ministre Issa Tchiroma est juste un défenseur des valeurs traditionnelles. Par conséquent, danser devant un lamido n’enlève rien à sa fonction de ministre de la république. C’est simplement un signe de considération, de respect à l’endroit de l’institution traditionnelle « En acceptant de porter le turban pour devenir notable de la cour du lamidat de Garoua, le ministre Tchiroma savait d’où il posait ses pieds et à quoi il devait s’y attendre. Je ne suis pas surpris et c’est normal qu’il soit acharné, dévoué», soutient Souley, un fils de Garoua. Pour les défenseurs de cette thèse, le ministre joue pleinement son rôle de ministre des relations extérieures de la cour du lamidat de Garoua.
Les tenants de l’indignation, assez nombreux, fondent leur colère sur certains principes et valeurs que devrait défendre le Président national du FSNC. Pour de nombreux observateurs, Issa Tchiroma Bakary, est en train d’affaiblir la fonction ministérielle à l’effet de faire plaisir à un jeune monarque aux velléités autoritaristes et dictatoriales. En effet, depuis son élection, le nom du lamido Ibrahim El Rachidini est plus cité dans des bévues que dans des actions d’éclats. Des actes qui n’honorent malheureusement pas le lamidat. On peut citer : la mort de son neveu ; son manque de respect répété à l’endroit des autorités administratives en particulier le gouverneur du Nord Jean ABATE EDI’I; sa guéguerre avec certaines élites ainsi qu’avec certains notables de sa cour ; ses décisions foireuses ; ses réactions épidermiques etc. Autant d’indicateurs qui montrent que le jeune lamido perd constamment les pédales. « En acceptant rapidement le vœu et le souhait du ministre Issa Bakary à porter le turban pour devenir le Tchiroma de sa cour, Ibrahim El Rachidini savait qu’il utiliserait ce dernier pour servir ses intérêts égoïstes et corriger ses nombreuses bévues », indique un fils de Garoua.
Issa Tchiroma fusible du lamido ?
Les différentes missions confiées par le lamido au ministre Issa Tchiroma, notable de sa cour, montre à l’évidence qu’il a choisi ce dernier pour être son fusible chargé de réparer ses bévues de gestion des hommes et femmes de son lamidat. Plusieurs fois, le ministre Tchiroma a été dépêché par le lamido pour aller rencontrer le gouverneur du Nord après offense. Des missions qui pour la plupart, ont connu des échecs cuisants. La dernière en date est celle du 21 avril 2023 après la prière à la grande Mosquée de Poumpoumré, qui s’est soldé malheureusement par un échec honteux. Le gouverneur Jean ABATE EDI’I n’avait pas ouvert sa porte à la délégation conduite par Issa Bakary. Chose curieuse, dans une autre vidéo devenue virale dans les réseaux sociaux, le Tchiroma de la cour du lamidat remercie honteusement à la fois le lamido et le gouverneur alors que ce dernier ne l’a pas remercie. Une attitude de diplomatie certes mais qui montre le ridicule. Pour les observateurs avertis, Ibrahim El Rachidini utilise le ministre Issa Bakary pour affaiblir l’autorité administrative. « Comment peut-il dépêcher un ministre de la république qui par ordre protocolaire, est supérieur au gouverneur si ce n’est pas avec une intention voilée ? Une délégation où lui-même n’en fait partie. C’est comme si le gouverneur dépêchait une délégation dont lui-même ne fait pas partie auprès de son chef le ministre de l’Administration territoriale. Quelle image ! Malheureusement le ministre de l’Emploi et la Formation professionnelle ne se rend pas compte que le jeune monarque l’utilise comme un fusible pour affaiblir à la fois la fonction ministérielle et l’autorité administrative. Sans doute ce qui intéresse le ministre, c’es son statut de majesté et de notable de la cour. Ce qui ce qui serait étonnant au regard du parcours politique de l’homme. Ibrahim El Rachidini a également utilisé le ministre Issa Bakary dans la collecte des fonds pour la réfection de la grande Mosquée de Poumpoumré dont on ne connait aujourd’hui ni la liste des donateurs avec les montants, ni le total des sommes collectées», s’offusque pour s’en indigner un fils de Garoua. En somme le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle est au propre comme un fusible du lamido de Garoua chargé d’éteindre le feu allumé par le Monarque, qui veut comme on le voit, ramener le Cameroun en arrière.
La République à genou ?
Qui ne se souvient pas de ce titre fétiche d’un journal camerounais parlant d’un préfet qui s’était mis à genou devant le lamido de Rey-Bouba (Père de l’actuel lamido). On avait alors parlé de la République à genou. Quelques mois seulement après cet incident, ce préfet avait été relevé de ses fonctions non pas parce qu’il avait mal travaillé mais, parce qu’il avait tenté de mettre la chefferie au dessus de l’administration. Une chose que n’ont jamais voulue les pères fondateurs de notre nation : Oum Nyobé, Wandjie, Moumie, Tumaza, Mbida etc. Le Premier président camerounais Ahmadou Ahidjo s’y était farouchement opposé. On en veut pour preuves ses invitations répétées, adressées aux puissants lamibés qui se sont succédés à Rey-Bouba et ailleurs dans d’autres localités du Cameroun lors des fêtes nationales. Le Président Biya quant à lui, a fait des chefs traditionnels, les auxiliaires de l’administration. Les sous-préfets sont d’ailleurs leurs supérieurs hiérarchiques. Ce chapitre est inscrit dans la loi fondamentale du Cameroun. Lors des cérémonies officielles, les chefs traditionnels ne sont pas les derniers à arriver dans l’ordre protocolaire. Ils arrivent toujours avant les autorités administratives.
Mais depuis son élection en 2021, le lamido de Garoua Ibrahim El Rachidini, tente désespérément à faire plier l’administration à sa guise. Il a plusieurs fois manqué le respect aux autorités administratives en tête desquelles le gouverneur de la région du Nord Jean ABATE EDI’I, le préfet de la Bénoué et aux différents sous-préfets de la ville.
« Légaliste invétéré, Jean ABATE EDI’I ne pourra en aucune manière marcher comme le veut le lamido. C’est ce dernier qui va marcher suivant les instructions du gouverneur. Jean ABATE EDI’I ne veut et ne souhaite pas mettre à genou la république », fait remarquer une élite de Garoua, admirateur du gouverneur.
Par Aninou Adji