7 novembre 2024

Interview du Directeur General de Lanavet sur la modernisation du laboratoire vétérinaire du Cameroun.

Dr Abel Wade, DG du lanavet met hors-jeux les pratiques de sorcellerie et détourneurs de fonds et de biens de l’Etat au lanavet : déjà 2 cadres licenciés pour fautes lourdes et des poursuites judiciaires  « Les 2 cadres ont déjà été licenciés du LANAVET depuis mon arrivée en juin 2020 respectivement pour crime économique et détournement de bien de l’État. »

Mr le directeur General présenté nous brièvement le laboratoire national du vétérinaire du Cameroun. Conformément au Décret Présidentiel N°2021/089 du 12 février 2021 signé du Chef de l’Etat S.E. Paul Biya, le Laboratoire National Vétérinaire (LANAVET) est une Société à Capital Public. Il a pour missions l’analyse des prélèvements relatifs à la santé et la production animales, la production et la commercialisation des produits biologiques et des médicaments vétérinaires, ainsi que la formation et le recyclage des personnes sur les techniques de laboratoire.

Qu’est qui a changé au Laboratoire vétérinaire du Cameroun depuis que vous êtes à la tête ?

Bon, je ne suis pas très bien placé pour me juger, mais je dois dire que plusieurs réformes ont été mis en place et nous continuons à moderniser la structure pour concurrencer ceux des pays occidentaux dans nos domaines d’expertise. C’est mieux de passer constater vous-même et faire la comparaison.

Mr le directeur General vous avez décidé de mettre fin aux voleurs de bien de l’État dans votre entreprise et nous avons appris que votre directeur commercial vient d’être limogé pour faute lourde par le conseil de discipline et le conseil d’administration. Quels sont les motifs qui ont amené à licencier le directeur Commercial ?

Bien, merci de me permettre de donner plus de lumière sur ce cas de licenciement au LANAVET. Je tiens à vous informer que 2 cadres ont déjà été licenciés du LANAVET depuis mon arrivée en juin 2020 respectivement pour crime économique et détournement de bien de l’État. Il s’agit de M. HOUZEIFA BACHIR qui était le Directeur Administratif et Financier (DAF) adjoint et de M. ABDOULLAYE YAOUBA qui était Directeur Commercial (DC).

Pour M. ABDOULLAYE YAOUBA qui était Directeur Commercial, il a détourné les vaccins de presque 400 millions entre juillet et septembre 2020 lorsque je venais de prendre service. Aucune trace de payements de ces vaccins n’existe dans nos livres. Chaque fois que je lui demandais des explications verbales, il se fâchait et me menaçait. Nous sommes passés à des demandes d’explications écrites et il répondait en me renvoyant la question même après les peuvent suite aux contrôles internes. Alors qu’on cherchait encore à mieux comprendre le sujet, son transitaire qui a exporté les produits nous a dressé une facture lourde avec sommation d’huissier alors que je ne me rappelle pas lui avoir donné mandat d’exporter un produit. En plus, certains produits exportés avaient pour destination Garoua !!! Nous avons fait appel à un audite extérieur et tout était sur ce détournement massif. Il a été pris main dans le sac après avoir voler et caché au magasin général 5000 doses de vaccin Périvax. Il a instruit à la magasinière que ce produit était déjà vendu et que personne ne devait toucher. C’est en fouillant le magasin ensemble avec les contrôleurs internes que nous sommes tombés sur le colis. Pour se justifier, le DC va présenter les commandes dépassées non encore payés dans nos livres alors que les demandes payées de 2021 étaient pressantes par les services MINEPIA de terrain et certains pays africains. En plus, il vendait les vaccins à qui il voulait à base de ces pourcentages, à défaut il refusait la vente sous prétest qu’on n’a pas de vaccin. Nous avons plus de 10 millions de doses de vaccins non vendus actuellement en stock. Maintenant qu’il est parti, nous les vendons librement. Le Conseil a jugé que cette attitude était une faute professionnelle lourde qui ne peut pas permettre à l’entreprise de vivre et émerger. En plus, il est un des chefs de gang de pratiques de sorcelleries et des incantations de toutes sortes au LANAVET. La suite de ces dossiers est entre es main de la justice.

Pour le premier cas, à mon arrivée à la tête du LANAVET, Houzeifa refuse de me donner des documents qui rassurent la continuité de service sous prétest que ce n’est pas ma gestion. Il cachait même les pièces comptables qui couvraient la période de ma nomination le 11 mai et ma prise officielle de service le 4 juin 2020. Il nous a d’abord induit en erreur le PCA et moi lors de la préparation de notre premier Conseil d’Administration, nous avons dû reporter la tenue de cette assise à plus de 2 fois et j’ai été obligé de jouer le rôle du DAF pour réussir à tout finaliser. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le non-refus de mettre à la disposition de l’équipe de la CTR instruite par le MINFI, venue en mission d’Audit au LANAVET pour le rapport de clôture du Contrat plan État/LANAVET de 2013-2018. Cette mission était à sa 3éme visite au LANAVET sans pouvoir entrer en possession des documents leur permettant de finaliser le rapport et clôturer le contrat arrivé à échéance depuis 2018. D’abord, je suis convoqué à Yaounde quelques semaines après ma prise de service pour cette difficulté à ne pas pouvoir clôturer ce contrat, chose qui conditionne la recapitalisation de l’entreprise actuellement en faillite totale selon le rapport de l’audite de l’Union Européenne. Pendant les 5 jours de mission dans nos service, l’équipe d’audite n’avait reçu que 3 ou 4 documents sur une vingtaine attendus de Houzeifa, gestionnaire de ces fonds et représentant du LANAVET à toutes les réunions de suivi. La mission avait donc encore échoué. J’ai saisi donc Monsieur le Gouverneur de la région du Nord qui a immédiatement instruit la légion de gendarmerie à voir le problème. Nous (Houzeifa, le Chef de mission du Minfi et moi) sommes tous entendus sur PV. Houzeifa a été gardé pour crime économique. Le lendemain matin, il a déclaré être disposé à fournir tous les documents nécessaires. Il a été mis en liberté provisoire et à donc ramener de chez lui, ces documents qui portaient bien sa signature. Et après analyse, nous constatons que les activités non réalisées sont évaluées à presque 2 milliards sur les 3.5 du contrat. Cette attitude lui a valu ce licenciement et la suite est en cours car un audit approfondi sur la gestion de ces fonds a déjà été fait. Aujourd’hui les deux cherchent à me saboter dans les réseaux sociaux.

Quel est la capacité de production des vaccins au laboratoire national du vétérinaire Cameroun ?

La capacité de production normale du LANAVET est de 100 millions de doses de vaccins par an. Mais avec la vieillesse des équipements de production (acquis depuis la création en 1982, donc plus de 40 ans d’âge), l’entreprise fonctionne au 1/5éme pour une production de 20 millions de doses de vaccins et diluants par an. Il faut ajouter que le LANAVET est financièrement dans le rouge car ayant perdu son capital social. Toutefois, la bonne nouvelle est que le Gouvernement est en train de prendre des mesures importantes pour recapitaliser et remplacer les équipements de production par ceux de dernières générations pour une émergence même dans le domaine de production des vaccins car l’industrialisation va avec la veille technologique. Avec ça, nous pouvons aller à plus de 200 millions de doses par ans avec un plan marketing de vente au-delà de l’Afrique.

Malgré les difficultés vous parveniez à faire vivre le lanavet, qu’est qui fait la force du nouveau DG?

Bon, je dois dire que je ne suis pas seul, c’est tout une équipe partant du Conseil d’Administration avec son Président très dynamique très constructif, Dr MOUSSA YAYA, jusqu’au personnel qui font la force de l’entreprise. Ma force vient de l’expertise de toute l’équipe et surtout la volonté politique du Gouvernement à voir le Cameroun émerger dans tous les secteurs conformément à la SND30.

Quel bilan faites-vous des recettes en matière de vente des vaccins en 2021. Est-ce les projections annuelles ont-elles été atteintes ? Quel espoir donnez-vous au public ?

Les projections annuelles ne sont jamais atteintes à cause de la vieillesse des équipements et aussi la non-stabilité d’électricité. Avec des multiples délestages et coupures intempestibles de lumière d’ENEO, et un groupe électrogène de plus de 40 ans d’âge qui fonctionne à 20% et donc les pièces de rechanges n’existent plus, c’est pas évident de prévoir les réalisations et les atteindre.

Nous avons encaissé les pertes estimées à presque 200 millions en réactifs et vaccins juste pour l’année 2021. A ce rythme, comment peut-on atteindre des objectifs ?

Mais comme j’ai dit plus haut, l’espoir est que le Gouvernement a décidé de résoudre tous ces problèmes en mettant le LANAVET sur énergie solaire et en remplaçant tous les équipements de production avec les nouvelles technologies. De nouvelles gammes de vaccins made in Cameroon sont également en cours développement.

M. le Directeur General, si on s’arrime à un adage qui dit aucune œuvre n’est parfaite, on ne saurait terminer cet entretien en vous demandant quels sont les entraves à la réussite des objectifs assignés ?

Il faut vite passer à l’action. Je dois dire que si la recapitalisation et le remplacement des équipements de production ne sont pas effectives dans les 12 mois à venir, le degré de dégradation de l’entreprise va obliger l’application des lois OHADA qui exigent la fermeture pure et simple de la structure afin d’éviter les cumules dettes, d’arriérées de salaires et la grève des employés.

Propos recueillis par Félix SWABOKA.

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